Taux d'imposition stables, budget de fonctionnement amputé et investissements à la hausse au conseil.
Jean Dionis avait annoncé la couleur, forcément sombre, comme on dit des coupes : exit les « cahouètes » avec les vins d'honneur municipaux. Un régime amaigrissant prescrit en interne, dont la présentation du budget primitif 2009 est venue confirmer le caractère général et drastique.
Ceinture à la mairie. Ce que le premier adjoint Bernard Lusset, en charge des finances, décrit avec des trémolos comme « une évolution historique, puisque nous avons considérablement comprimé les dépenses de gestion courante. Pour la première fois depuis de longues années, le budget du personnel n'a pas connu d'augmentation, alors qu'on crée un nouveau service vie des quartiers qui va employer 5 personnes, et que la mise en œuvre de la vidéo protection va donner lieu à des créations de postes ». La martingale : départs en retraite non remplacés, « avec gestion au cas par cas », et « redéploiements pour améliorer la productivité des services », explique Bernard Lusset.
« Relance » municipale. Ce qui donne, côté chiffres, une illustration assez radicale de la théorie des vases communicants. 3 millions d'€ font ainsi le voyage du budget de fonctionnement vers le budget d'investissement, qui du coup montre fièrement ses muscles : « Si on intègre la maintenance, on passe d'un budget d'environ 6 millions par an à 11 millions cette année », poursuit Bernard Lusset, qui y voit « une sorte de plan de relance de l'économie locale », pour cause de crise.
Modération fiscale. Cette même crise qui explique la stabilité des taux d'imposition municipaux : « Dans un tel contexte économique, il serait indigne de faire comme si la poche du contribuable était une corne d'abondance. Les taux d'imposition ne sont pas une variable d'ajustement ».
Tour de force ou tour de passe-passe ? Curieusement, vue des fauteuils de l'opposition, la démonstration de ce tour de force budgétaire se résumerait plutôt à un tour de passe-passe. L'ancien maire Alain Veyret et le Vert Alain Bédouret profitent d'abord de l'examen du compte administratif 2008 (qui résume l'activité budgétaire) pour dire le mal qu'ils pensent de la cure d'amaigrissement imposée à masse salariale municipale, et qui devrait donc se poursuivre en 2009. Mais Alain Veyret explose quand Jean Dionis lui répond : « Oui, vous avez titularisé des agents municipaux
[70] , mais en faisant cela, vous avez mis dehors leurs frères et leurs sœurs ! ». Comprendre que ceux-ci n'auraient du coup pas la possibilité de se voir proposer à leur tour un emploi aidé par l'état au titre de la politique d'insertion, étant donné les « rigidités » créées sur le long terme par des postes en CDI. « Emplois Kleenex ». Des emplois aidés dans lesquels l'ancien maire voit surtout « des emplois précaires à 20 heures par mois, des emplois Kleenex ! Ces emplois-là, nous les avons réservés à la régie de quartier, dont l'insertion est la vocation ». Puis carrément furieux : « Ce que vous venez de dire sur les frères et sœurs privés d'emploi me conforte dans l'idée que vous êtes un exploiteur ! ».
ça baisse à Agen, ça augmente à la CAA. Le maintien des taux de fiscalité ne trouve pas davantage grâce à ses yeux quand il pointe l'augmentation, dans le même temps, de la taxe d'enlèvement des ordures ménagères de la communauté d'agglo d'Agen (+25%), dont Jean Dionis est le président. Une taxe dont l'envolée est répercutée par les organismes HLM auprès des locataires. Même chose pour l'augmentation de la taxe sur l'assainissement : « On augmente la fiscalité de façon indirecte ! ». Enfin, l'ancien maire fait les comptes, et se demande comment l'enveloppe de 100 000€ qui doit être allouée à chacun des 23 comités de quartiers pourra être financée. La question ne se posera vraiment qu'en 2010, lui répond Bernard Lusset. La routine démocratique ? M.A.
Publié le 04/04/2009 04:41 | LaDepeche.fr
Légende Photo : Photos Jean-Michel Mazet
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