À trois, elles ont le record du taux de grévistes dans le département. Isabelle, Christine, Pauline sont salariées de la Sodexo à Agen (restauration collective) qui en compte cinq. C'est du 75 % au moins. « En plus, je crois que le directeur est dans le défilé », explique l'une d'elles, qui voulait afficher son ras-le-bol hier en défilant dans l'anonymat, avec simplement une pancarte au nom de la société qui les emploie. Un ras-le-bol ? « Imaginez, on fait tout là-bas. La caisse, le ménage, les fourneaux. » Le tout pour 700 € nets par mois, sur la base d'un temps partiel de 25 heures. « Et vous voulez rire ? L'entreprise est cotée au CAC 40 ! »
Les trois filles ont bouclé la boucle hier. Départ place Armand-Fallières, retour devant la préfecture.
Les chiffres d'abord. 5 000 manifestants selon la police, 9 000 selon les syndicats. La vérité mathématique est entre les deux. Ils étaient aux environs de 7 000 dans les rues d'Agen hier entre 15 et 17 heures. Du jamais vu depuis une demi-douzaine d'années. Seule la manifestation unitaire de 1er mai 2002, en pleine campagne présidentielle, avait franchi la barre des 10 000. Et on doit extraire de ce comptage le bon millier de manifestants qui sont restés à Marmande.
Un succès pour l'intersyndicale, dont les responsables ne tombaient pas l'optimisme béat des veilles de grève en début de semaine même si les contacts pris dans la fonction publique, dans les entreprises privées, annonçaient une mobilisation inhabituelle.
Des assemblées générales de salariés au foyer des Autas (Agen) ou au conseil général, des débrayages dans le privé : dans le cortège, une centaine de chez BMS-UPSA, où Force Ouvrière majoritaire craint non pas pour l'emploi mais le volume global d'activités. Une centaine aussi de l'usine de Fumel, des fonctionnaires ou assimilés aussi. Plus de cent travailleurs sociaux, pour la plupart employés par le conseil général. »
Pour eux aussi, cette journée de mobilisation n'est pas une fin en soi. Le 6 février, explique Serge Soubie (CGT action sociale) « nous provoquons une rencontre avec les élus du conseil général, et nous allons lancer une pétition à l'échelle du département. » Motif des griefs, la disparition annoncée de la convention collective de référence, la « 66 ». Pas acceptable car elle fait disparaître des acquis indiscutables.
Indiscutable aussi l'éclectisme du cortège. Des fonctionnaires, mais des salariés du privé venus à titre individuel, des retraités, des lycéens. Une synthèse des derniers mouvements en date.
Echos Du Cortège
Les slogans. « Sarko t'es foutu, les nounous sont dans la rue. » (des assistantes maternelles) ; « La crise c'est eux, la solution c'est nous. » (une femme sandwich) ; « Preneurs d'otages, irresponsables, terroriste et aussi… grévistes. » (sur une pancarte anonyme) ; « Si l'ensemble de la gauche arrivait à se mettre d'accord comme le font les syndicats, je crois que ça donnerait du courage au peuple. » (Michel Maza, ancien leader CGT)
Pompiers en intervention. Une quinzaine de soldats du feu qui se trouvait au repos et du personnel administratif du SDIS sont descendus dans la rue pour demander plus de pouvoir d'achat.
Chichis, crêpes, gaufres. Il avait installé sont stand à l'angle du boulvard de la République et de la rue des Cornières et a été assailli au passage du cortège, surtout par ses dames. Il a sans doute fait la recette de la semaine et peut-être celle du mois.
Précision. De la part du personnel de la petite enfance à la mairie d'Agen dont certaines étaient en grève contrairement à ce qu'elles ont lu sur le site internet de la ville.
Salariés en grève mais… Initiative des salariés de la chambre d'agriculture qui, en grève, ont continué de travailler pour aider les agriculteurs sinistrés par la tempête de samedi dernier, a fait savoir le syndicat CFDT.
La CCI défile. On prend l'habitude de les voir manifester. Ils l'avaient déjà fait en d décembre en opposition aux menaces qui pèsent sur l'avenir des chambres de commerce et d'industrie et, une nouvelle fois, les salariés de la CCI étaient dans la rue.
Tous ensemble, tous… Ce genre de manifestation a le don d'inonder son parcours de bons sentiments. Dernière preuve politique en date, la proximité de Lucette Lousteau la secrétaire fédérale du PS et Jérôme Cahuzac, député (PS) de Villeneuve lors de la randonnée citadine.
Tract. Parfois, un message simple est plus efficace. Sur une feuille format A 4 blanche, un très court texte : « 29 janvier… »
Coupure de courant. Le préfet n'a, paraît-il, pas apprécié du tout que le commissariat de Villeneuve soit, pendant quelques minutes, privé d'électricité à la suite d'une coupure intempestive qui n'avait rien à voir avec la tempête. Micro-incident sans gravité bien sûr.
Publié le 30/01/2009 09:37 | Stéphane Bersauter - La Dépêche du Midi
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