Hayat El Moussaoui, conseillère municipale d'opposition, se démarque sur la nouvelle gouvernance des quartiers. Selon elle, le projet manque d'audace.
Alain Veyret lui a demandé de trouver sa place dans les rangs de l'opposition. La jeune femme au foulard élégamment porté, à la voix douce, et au visage qui rayonne, n'a pas tardé. Après un temps d'observation, Hayat El Moussaoui est sortie de sa réserve. Lors du dernier Conseil municipal, c'est sur le débat de la démocratie participative, un sujet qui lui tient particulièrement à cœur, qu'elle est rentrée de plain-pied dans la discussion politique.
Le vote des étrangers. La nouvelle organisation des cinq conseils de quartier, devenus 23 quartiers-villages pour l'équipe du député-maire Jean Dionis du Séjour, lui pose problème. Ses futurs représentants, 9 riverains par association, seront élus au suffrage universel en mars 2009, sur la base stricte de la liste électorale.
En clair, les étrangers ne pourront pas siéger. C'est à dire une partie des habitants qui animent la vie locale. À l'attention du maire et de son projet de mandat n°1 sur « Une nouvelle gouvernance des quartiers », elle pose une simple réflexion. « Dans ce dossier, il parle d'audace. Mais, ce n'est pas le cas. Il ne va pas au bout. C'est vraiment dommage, parce que c'était l'occasion de créer une vraie dynamique, de vraiment changer les choses. »
Justice sociale et débat. Sur le fond, sans doute pour préciser sa pensée, elle revient sur cette enfance passée à Montanou. « Avec ma famille, nous sommes arrivés dans les années 80. C'est un quartier d'une grande richesse. La solidarité y est très forte. Chacun est respecté. C'est encore un endroit où on ne laisse pas les personnes âgées en marge, et où l'on s'occupe des gens. »
Dans ce débat de la nouvelle gouvernance des quartiers, Mohamed Fellah, l'adjoint au maire chargé de la politique de la ville, regrette que l'on « glisse sur l'aspect idéologique ». Selon lui, cette organisation n'empêchera pas l'ensemble des habitants de prendre part au débat. En tout cas, ceux qui le souhaitent vraiment.
S'ils s'opposent sur cette question qui provoquera certainement d'autres échanges dans la grande salle des Illustres, l'adjoint au maire et la conseillère municipale d'opposition revendiquent leur d'amitié. Lui : « Dans le débat politique, elle n'est pas dans la caricature. C'est quelqu'un qui pose des analyses fines. Elle est ouverte au dialogue. Quand elle parle, elle touche juste. » Elle : « Il a vraiment la motivation de changer les choses. C'est un homme engagé, quelqu'un d'intéressant. Seulement, on ne se rejoint pas sur les solutions. »
Un parcours. Elle possède la double culture. Il y a celle de son pays natal, le Maroc, puis celle de son pays d'accueil, la France. Hayat El Moussaoui a deux ans lorsqu'elle arrive dans le Lot-et-Garonne. Son papa, Ahmed, est embauché comme ouvrier agricole. Aïcha, sa maman, donnera naissance à 5 garçons. Après des études de droit, Hayat décide de passer un diplôme d'assistante sociale. Employée par une association, elle s'occupe d'adolescents en difficulté. Aujourd'hui âgée de 31 ans, elle est chef de service à l'aide sociale à l'enfance. En poste dans le Limousin, elle devrait prochainement retrouver le Lot-et-Garonne. Sur la question des valeurs qui animent son engagement politique, elle n'hésite pas un instant : « La justice sociale, la solidarité, et l'égalité. »
6 Août 2008 - Sud Ouest
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