Alors que le Conseil Municipal s’apprête à examiner la mise en place d’un réseau de vidéo surveillance à AGEN, le Gouvernement vient de publier un nouveau Décret portant création « d’un traitement automatisé de données à caractère personnel dénommé EDWIGE ».
L’objectif affiché est le même : la SECURITE. Toujours, encore. Pour mémoire, si la liberté est une valeur constitutionnellement garantie, la sécurité elle, ne l’est pas. On ne trouve aucune trace de cette notion dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 et pas davantage dans les Déclarations contemporaines des droits et de l’homme et des libertés fondamentales.
Il est vrai que la liberté n’est rien sans un minimum de sécurité ; pour autant, la sécurité doit favoriser la liberté… non l’anéantir.
La vidéo surveillance porte atteinte aux libertés fondamentales : liberté d’aller et de venir, respect de la vie privée, droit à l’intimité… C’est la même philosophie que poursuit le récent décret instituant le fichier dit EDWIGE.
Ce fichier va permettre de «centraliser et analyser les informations relatives», d’une part «aux personnes physiques ou morales ayant sollicité, exercé ou exerçant un mandat politique, syndical ou économique ou qui jouent un rôle institutionnel, économique, social ou religieux significatif» (sic !), et d’autre part «aux individus, groupes, organisations et personnes morales qui en raison de leur activité individuelle ou collective, sont susceptibles de porter atteinte à l’ordre public», sachant qu’en outre, sur ce dernier point, sont concernés les mineurs dès l’âge de 13 ans ! Et ce, sans aucune limite dans le temps ni dans son contenu.
c’est une redoutable extension du fichage policier des citoyens qui est ici mise en oeuvre, avec en outre un amalgame entre les personnes «susceptibles de porter atteinte à l’ordre public» et les militants politiques, syndicaux et associatifs, enfants « tracés » comme futurs délinquants présumés dès l’âge de 13 ans et soupçon préventif comme simple justificatif.
Vidéo surveillance, fichage informatique ; l’objectif est le même, la philosophie politique aussi.
Le Gouvernement qui institue le fichage des militants de ce pays est soutenu par une majorité présidentielle au Parlement qui est solidairement responsable de ce choix politique scandaleux parce que liberticide.
Il n’est sans doute pas curieux que le Député-maire d’AGEN ait souhaité inscrire la politique locale, dès le début de son mandat, dans cette orientation là, et pas dans une autre, plus sociale, davantage culturelle…
Alors, et à l’attention des prochains « filmés » du Boul, à l’attention des futurs « fichés » du Lot-et-Garonne, et de tous les autres spectateurs, une phrase à méditer : « si tu es prêt à sacrifier un peu de liberté pour te sentir en sécurité, tu ne mérites ni l’une ni l’autre » (Thomas Jefferson).
Laurent BRUNEAU
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