La structure était au cœur d'une lutte d'influence depuis l'élection de Jean Dionis à la mairie.
Ils rendent leur tablier : neuf membres du conseil d'administration de la régie de quartier ont signé hier une (longue) lettre pleine de dépit adressée au président de la structure d'insertion, Pierre Chollet. Marre de jouer les potiches, en gros.
On imagine que cette décision ne chagrinera pas trop son destinataire, membre de l'équipe municipale de Jean Dionis, puisque la régie était au cœur d'une lutte à couteaux tirés depuis le changement de majorité municipale. Le coup de torchon des administrateurs, tous mis en place sous l'ère de l'ancien maire Alain Veyret, s'apparente donc plutôt à un dernier spasme.
On se souvient en effet qu'en s'installant dans le fauteuil municipal, Jean Dionis avait exigé le remplacement du président et du directeur de la structure, Dominique Renard et Abdelhalim Toumi, par le tandem Pierre Chollet et Jean-Paul Larrat, ainsi qu'un remaniement en profondeur du conseil d'administration, composé de trois collèges (Habitants, membres de droit de la mairie et d'Agen Habitat, et partenaires). Ceci dans l'objectif clairement affiché de faire de la régie « le bras séculier de la politique d'insertion de la ville ».
Mais la régie étant une association loi 1901, cette volonté s'était heurtée à de fortes résistances des administrateurs du collège Habitants, le principal, fort d'une douzaine de membres (8 d'entre eux sont signataires du fameux courrier à Pierre Chollet).
protocole fantôme
La tentative de passage en force municipal, avec rupture unilatérale de tous les contrats liant la régie à la ville d'Agen et à Agen Habitat (soit les deux tiers de son activité), avait alors fait l'objet d'une procédure devant le tribunal administratif. Laquelle n'était finalement pas allée à son terme : la condamnation de la ville d'Agen étant quasi certaine, la mairie avait fait machine arrière quelques semaines plus tard, en acceptant de signer un protocole d'accord, garantissant un fonctionnement de la structure selon les règles associatives et conformes à la charte nationale des régies de quartiers, et donnant des gages au directeur sur la sellette, Abdelhalim Toumi. « C'est parce que nous constatons aujourd'hui que ce protocole, qui était censé s'appliquer pendant 6 mois, n'a jamais été mis en œuvre, que nous démissionnons, explique Franck Monségur, un des signataires. Nous sommes considérés comme une opposition par la nouvelle direction, les bureaux ne sont plus réunis, on ne nous communique plus les documents, on nous parle d'un déficit mais nous n'avons plus accès aux comptes, et depuis quelques mois la régie a du mal à joindre les deux bouts pour payer les salaires. Forcément, le manque à gagner lié à la brutale rupture des contrats, une affaire qui a tout de même duré trois mois, les doublons pendant plusieurs mois aux postes de directeur et de secrétaire de direction, tout ça a laissé des traces, alors qu'en 6 ans nous étions passés de 15 à 55 emplois en multipliant le chiffre d'affaires par 3 et demi et en dégageant chaque année un excédent… Alors nous ne voulons pas cautionner ce qui se passe, cette structure est en train de s'enfoncer ». Et de lâcher, fataliste : « On verra bien le bilan de la nouvelle équipe dans 2 ou 3 ans ». Une chose est sûre, il va maintenant falloir élire un nouveau conseil d'administration.
Une aubaine pour l'équipe de Jean Dionis ?
Publié le 23/04/2009 08:56 | Michel Amigues - La Dépêche du Midi
Légende photo : Quatre des administrateurs démissionnaires, hier. M. Cherchari
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