«Je croyais vraiment qu'on pouvait travailler dans le même sens pour le développement touristique, qu'on soit de droite ou de gauche, mais après trois réunions, je m'aperçois que la politique s'en mêle de façon éhontée et choquante, et je me sens obligé de réagir ».
C'est le conseiller municipal d'opposition Antoine Fine qui le dit, en sa qualité de membre de droit de l'office de tourisme (il a été désigné par le maire, Jean Dionis, aux côtés de trois élus de la majorité), et sa « réaction » s'est concrétisée hier matin, lorsqu'il a saisi le tribunal de grande instance (TGI) pour assigner l'office de tourisme, en la personne de sa présidente, Marie-Odile Leroy-Fleury.
Obtenir l'annulation du vote
Antoine Fine veut obtenir l'annulation de la modification des statuts de l'office intervenue le 29 janvier, à l'issue d'une assemblée générale extraordinaire convoquée à la demande de Jean Dionis. Ce jour-là, par 32 oui contre 22 non (et un nul), on a porté de 6 à 4 le nombre de représentants désignés conjointement par le maire et la présidente de l'office.
Une manipulation de portée apparemment cosmétique, mais qui a permis à Jean Dionis de faire siéger à l'office deux de ses proches, Christophe Chaudruc et Max Michelli, le président de la fédération des métiers de l'hôtellerie. Le hic, c'est que ces deux-là n'avaient pas remporté assez de suffrages pour être élus lors de l'assemblée générale ordinaire de l'office, qui s'était tenue le 23 janvier, au cours de laquelle un tiers des membres a été renouvelé.
Ce qu'Antoine Fine traduit ainsi : comme il n'a pas pu faire élire les siens régulièrement, Jean Dionis a trouvé plus commode de faire modifier la constitution de l'office.
Et c'est là que le bât blesse, selon lui : l'office est une association de type loi 1901, certes largement financée par la mairie, mais dont le maire n'est pas membre. Il ne peut donc exiger la tenue d'une AG extraordinaire.
Et quand bien même il le pourrait, d'ailleurs, Antoine Fine conteste la démarche sur la forme : le délai de convocation de la fameuse AG extraordinaire n'aurait pas été respecté (moins d'une semaine après l'AG ordinaire), quant au vote ayant abouti à la modification des statuts, il ne serait pas conforme… à la « première mouture » des statuts, qui impose dans ce cas un vote à la majorité des deux tiers.
étant donné qu'il y avait ce jour-là 55 votants, il aurait donc fallu obtenir 37 votes en faveur de la modification… et non 32 pour que celle-ci devienne effective (ouf).
Au bout du compte, Antoine Fine ne fait aucunement mystère que c'est bel et bien Jean Dionis qui est visé par la procédure qu'il a initiée, et non l'infortunée présidente de l'office, Marie-Odile Leroy-Fleury (lire ci-dessous), qui dans cette affaire fait plutôt « office » de dommage collatéral…
Marie-Odile Leroy-Fleury : « Je pense que la justice doit être gagnante »
Elle l'a vraiment mauvaise, la présidente de l'office de tourisme : Marie-Odile Leroy-Fleury risque de se retrouver bien malgré elle à la barre du tribunal de grande instance, avec le sentiment de se retrouver prise « entre le marteau et l'enclume », contrainte de répondre devant la justice de décisions qu'elle doit assumer en sa qualité de présidente, mais qu'elle ne cautionne pas, pour le moins…
Jointe hier après-midi, elle n'avait pas encore eu officiellement connaissance de la procédure initiée par Antoine Fine, mais ne semblait guère s'en étonner, sur le mode : je l'avais bien dit, que tout ça finirait mal… « La loi est la loi, observe-t-elle. Je suis présidente d'une association de type loi 1901 et je respecte mes administrateurs. Et je pense que la justice doit être gagnante. Je suis d'ailleurs assez soulagée d'apprendre que monsieuM. Fine a bien précisé qu'en réalité, ce n'était pas moi qui étais visée par sa procédure. On me reproche d'avoir convoqué l'assemblée générale extraordinaire qui a abouti à la modification des statuts, mais on m'a obligée à le faire. J'ai reçu un ordre par écrit et je me suis sentie obligée de l'appliquer, mais ce n'est pas faute d'avoir tout fait pour éviter cette situation, parce que j'avais prédit la tournure que tout ça prendrait. Je leur avais bien dit
[à la mairie] qu'on risquait de se retrouver avec un scandale médiatique… et voilà, on va avoir en prime un scandale judiciaire ! Personnellement, je souffre beaucoup de cette situation, d'autant plus que les quatre administrateurs qui se sont représentés ont tous été réélus, c'est bien la preuve qu'il existait une vraie confiance dans l'équipe que je conduis. Il me semble qu'il y avait quand même autre chose à faire, une autre façon de procéder… ».
Que va-t-il se passer ?
« La procédure peut être longue, indique Me Bruneau, mais si nous obtenons l'annulation, sachant que le tribunal statuera sur la base de la loi de 1901, toutes les décisions prises dans la foulée seront annulées en cascade. L'office de tourisme a toutefois la possibilité de reconnaître qu'il y a eu des irrégularités, et convoquer une nouvelle AG, en respectant les formes, les délais et le quorum… ». Autrement dit, il reste une porte de sortie, mais elle obligerait l'office
[et donc Jean Dionis] , à faire machine arrière. Hier, le maire ne souhaitait toutefois pas réagir à ce rebondissement : « Je l'ai déjà dit, c'est à mourir de rire ».
Publié le 21/02/2009 13:58 | Recueilli par M.A. - Le Petit Bleu / La Dépêche du Midi
Légende Photo : Antoine Fine a tenu une conférence de presse, hier matin, au côté de son avocat, Me Laurent Bruneau… qui est accessoirement président de l'association « Agen Demain », qui milite pour l'ancien maire Alain Veyret. Les élus d'opposition André Mazières (PCF)
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