Le maire est accusé de vouloir placer ses hommes à la tête de l'association. Election du bureau lundi soir.
Une présidente qui se dit elle-même « désabusée », des membres du conseil d'administration qui refusent de s'exprimer au grand jour et un conseiller municipal d'opposition pas content du tout : depuis dix jours, l'office de tourisme d'Agen est ballotté par une querelle que la réunion du conseil d'administration ce lundi 2 ne va pas forcément calmer.
Juste histoire de s'y retrouver, il faut remonter au 19 janvier dernier. Les membres de l'association sont convoqués à l'assemblée générale ordinaire. Elle est effectivement ordinaire, des candidats se présentent pour prendre des responsabilités. Ils sont élus, ou ne le sont pas. Max Michelli et Christophe Chaudruc, deux proches du maire, ne le sont pas.
C'est là que le climat se dégrade. Selon ses opposants, Jean Dionis exige alors de Marie-Odile Leroy-Fleury la convocation des membres de l'association à une assemblée générale extraordinaire jeudi, en vue de modifier les statuts. Les textes régissant l'office de tourisme ne permettent pas la nomination de plus de cinq membres désignés par le maire. Ce dernier n'en démord pas, il veut élargir la composition du conseil d'administration à des professionnels, « à des jeunes aussi. »
« ABUS DE POUVOIR »
« Je ne pouvais pas refuser l'organisation de cette assemblée générale extraordinaire » plaide la présidente Lerroy-Fleury. « On m'a clairement rappelé que l'office dépendait fortement de la mairie. C'est une OPA, et je suis désabusée. » Elle est présidente depuis quatre ans, le poste est à renouveler jusqu'en janvier 2010 et ne veut pas lâcher. « J'ai pris des engagements en matière d'emploi, nous avons des projets que je veux mener à bien. Je vais essayer de prendre de la hauteur par rapport à cela. » Elle dit d'ailleurs déjà connaître le nom de son successeur, Jean Bizet.
Membre de l'office de tourisme et conseiller municipal d'opposition, Antoine Fine, lui, a décidé de rester terre à terre et envisage de saisir le préfet d'une demande en annulation de l'assemblée générale extraordinaire. « Je la conteste car elle ne respecte ni le fond ni la forme. La demande de convocation d'une assemblée générale ne peut émaner que d'un membre de l'association. Et pour la convoquer, les statuts précisent les conditions qui sont requises, dont un délai de 15 jours pour informer les membres
[…] Je croyais qu'à l'office de tourisme les clivages politiques pouvaient s'atténuer, je croyais aussi qu'une assemblée générale ordinaire ponctuée par un vote démocratique serait normalement entérinée. Faire fi des lois qui régissent notre association et nier un vote démocratique, pour un député, ça laisse songeur. »
«Il faut des jeunes, des professionnels du tourisme»
Abus de pouvoir ? « C'est à mourir de rire », explique le maire. « Pourquoi le maire d'une commune qui aide son office de tourisme à hauteur de 70 % n'aurait-il pas le droit de dire ce qu'il pense être sa vision du tourisme. Comment n'aurait-il pas le droit de donner son avis sur une nouvelle gouvernance au sein de l'association ? »
Jean Dionis ne veut pas jeter de l'huile sur le feu. Mais se défend d'avoir pris les dirigeants de l'office de tourisme en traître. « J'ai clairement dit lors de l'assemblée générale ordinaire nos ambitions en matière de tourisme. Nous voulons miser sur le tourisme d'affaire. J'ai aussi dit clairement que les jeunes ne franchissent plus le seuil de l'office de tourisme aujourd'hui. Les jeunes, c'est Internet, le « Guide du routard », etc. Et j'ai aussi dit qu'il nous fallait, au sein du conseil d'administration, des professionnels du tourisme. C'est pour cette raison que j'ai demandé que Max Michelli, de la fédération hôtelière, puisse entrer dans l'association
[…] Je n'ai rien contre les bénévoles. Ces gens sont à la retraite, veulent donner de leur temps et c'est bien. Mais il faut aussi, dans le droit fil des projets que nous avons, moderniser la gouvernance. D'ailleurs, l'association est souveraine. Elle a voté à 32 voix contre 21 pour la modification des statuts que nous souhaitions ». Jean Dionis précise par ailleurs qu'André Gounou cède son siège de conseiller délégué au tourisme à Jean-Marie N'Kollo.
Publié le 31/01/2009 14:23 | Stéphane Bersauter - La Dépêche du Midi / Le Petit Bleu
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