La municipalité lance cette semaine l'appel d'offres pour l'implantation d'un système de surveillance vidéo.
Cette semaine doit être lancé l'appel d'offres pour sélectionner l'opérateur chargé du déploiement à Agen d'un système de « vidéo protection », appellation employée par la municipalité, ou de «vidéosurveillance», terme retenu par la préfecture et préféré par une opposition qui monte au créneau en organisant un débat le 2 décembre (lire ci-dessous).
Le marché devrait être attribué en janvier.Un marché ouvert, souligne André Gounou, conseiller délégué à la police et à la sécurité; un système conforme à la législation, grâce à un logiciel spécifique qui masquera les zones privatives.
Les emplacements retenus se situent sur des lieux publics sensibles: le quartier de la nuit à Jasmin, les commerces du boulevard de la République, la gare, les places de la cathédrale, du Pin et de la mairie.
La 19e se situera en face de la discothèque le César Palace. Comme à Villeneuve-sur-Lot, répète Jean Dionis à l'envi. Le maire s'appuie sur la chute des chiffres de la délinquance dans cette cité grâce à ce dispositif. La liste des 19 points d'implantation est déposée à la préfecture pour examen, puis des arrêtés préfectoraux seront pris pour chaque installation.
Après les fêtes, trois mois seront nécessaires pour installer, régler le système et rendre opérationnel le centre de supervision urbain à aménager au 1er étage des locaux précédemment occupés par FO. Par tour de garde, un chef de salle, issu de la police municipale, et un télé opérateur (ils seront six, recrutés en interne prioritairement), assureront le contrôle 24h/24 le week-end, et la journée dans le local municipal. Les nuits, du lundi au jeudi matin, le commissariat prendra le relais.
Les arguments de « M. Police », André Gounou
À l'inverse de très nombreuses communes de gauche, les socialistes agenais font de la video-protection une question idéologique. Pour nous, il s'agit d'un engagement validé par les Agenais lors de l'élection municipale. Nous sommes partis d'un constat révélateur d'abord d'une atteinte aux biens et aux personnes, ensuite d'une insécurité routière avec des comportements à risque, et enfin d'un important relevé d'incivilités. Des secteurs de concentration de la délinquance clairement identifiés par la police nationale et la police municipale ont été répertoriés. La concentration des faits, notamment de délinquance de voie publique, en centre-ville avec des dégradations de l'espace public, un besoin de sécurisation de la population et un repérage des personnes en situation de détresse, a été l'élément décisif de l'implantation d'un système de vidéo-protection. Il respectera les textes fondamentaux protecteurs des libertés publiques et privées. Son contrôle et la surveillance des caméras seront assurés par la police municipale placée sous ma responsabilité et celle du maire. Partout où ce système a été mis en place, il n'a pas fait l'objet d'une seule plainte aboutie, mais par contre il a considérablement fait baisser la délinquance. La sécurité est la première des libertés.
Les réserves de l'opposant Laurent Bruneau
Le mardi 2 décembre à la salle Picasso, l'association «Agen-demain» organise un débat sur le thème «Vidéo-surveillance: tous surveillés ou tous protégés» en présence de Remi Cochard, membre du bureau national de la Ligue des Droits de l'Homme, Céline Azéma, magistrat.
Le débat sera animé par un journaliste. « La vidéosurveillance en Angleterre démontre que ce système n'est pas efficace pour lutter contre la délinquance.
Les cameras vont avoir pour effet de déplacer la délinquance des lieux d'implantation des caméras.
Les spécialistes dénomment ce phénomène«l'effet plumeau».
Pour obtenir des résultats probants dans le traitement de la délinquance, il est nécessaire de disposer d'effectifs de police de proximité en nombre suffisant.
Les moyens suivront-ils?
L'implantation de caméras implique un choix de société.Nous sommes sur la même ligne que sur la rétention de sécurité et du fichier Edvige (acronyme de «Exploitation Documentaire et Valorisation de l'Information Générale», NDLR).
On nous fait croire au rêve d'une société sans danger.
Or le danger est inhérent à toute vie en société. Mise en place après les attentats du 11 septembre pour lutter contre le terrorisme, la loi sur la vidéosurveillance a basculé dans la lutte contre l'insécurité.»
Publié le 18/11/2008 09:36 - Modifié le 18/11/2008 à 13:59 | Richard Hecht - Dépêche du Midi / Petit Bleu
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