Ils sont salariés de la Régie de quartier d'Agen et évoquent, sous couvert d'un anonymat éloquent, un climat de plus en plus dégradé : « Les gens se regardent en chiens de faïence, l'équipe d'encadrement ne sait pas quoi dire aux employés en insertion parce qu'elle n'est tenue au courant de rien, quant au travail d'insertion proprement dit, il est devenu inexistant depuis deux ou trois mois ». Soit depuis le début du psychodrame politico-associatif autour de la structure d'insertion, dont la nouvelle majorité municipale conduite par Jean Dionis souhaite changer l'équipe de direction, proche de l'ancien maire Alain Veyret et soutenue bec et ongles par les membres du conseil d'administration. Car si la mairie a renoncé à résilier les contrats qui la liaient à la Régie, à la veille d'un jugement du tribunal administratif qui s'annonçait défavorable, les craintes des salariés (13 permanents et une soixantaine en contrat d'insertion) ne se sont pas dissipées pour autant.
Et le mouvement de grève des salariés qui a secoué la structure vendredi dernier, s'il était programmé de longue date, visait surtout à faire entendre un son de cloche neutre dans la cacophonie ambiante. « Ce n'est pas aux salariés de choisir leur président ni leur directeur, tout ce que nous voulons, c'est que la structure reste une régie de quartier, or le maintien de ce label, délivré par le Comité national de liaison des régies de quartiers (CNLRQ), implique qu'elle continue à travailler avec la mairie et avec le bailleur social Agen Habitat. Ce mouvement n'était donc en aucun cas un mouvement de soutien à AbdelhalimToumi
[l'actuel directeur de la structure, que la mairie veut « débarquer »] . Si les salariés se sont mis en grève, c'est pour faire entendre leur voix aux membres du conseil d'administration de la régie et pour dénoncer la confiscation de leurs droits légitimes. « Muselés » quel que soit leur statut, ils n'ont pas à payer le lourd tribut des décisions stratégiques du CA, et son soutien à l'actuel directeur, au détriment du leur ». Pris entre deux feux, donc.
Peurs, rumeurs, fantasmes ?
Les revendications de vendredi portaient en l'occurrence sur l'élection de délégués du personnel, prévue par le texte qui fait office de convention collective, et sur une désignation démocratique des membres du collège des habitants (majoritaire), qui sont pour l'heure cooptés. Et tandis que les tractations se poursuivent entre la mairie et l'équipe dirigeante, dans la perspective du conseil d'administration électif qui devrait voir Pierre Chollet remplacer Dominique Renard à la présidence, lundi, les salariés échafaudent les scénarios les plus noirs, alimentés par les bribes qui « fuitent » du conseil d'administration. « Il paraît qu'une des options consistait à licencier tout le monde pour repartir de zéro… ». Certains redoutent que la mairie n'ait renoncé que provisoirement à annuler les contrats, et craignent une nouvelle résiliation, basée cette fois sur des motifs « solides » liés à la qualité des prestations délivrées par la régie (« On nous met la pression »), sachant que la vocation des structures d'insertion n'est pas de délivrer du zéro défaut, mais de remettre le pied à l'étrier à des personnes inemployables dans le circuit traditionnel. La seule certitude de ce feuilleton à suspense est donc qu'il y aura d'autres épisodes.
Publié le 23 Juillet 2008 à 11h24 | Auteur : M.A. - La Dépêche du Midi
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