Rebaptisé pour l'occasion « Notre-Dame-des-Luttes », le charmant village de Sainte-Colombe-en-Bruilhois s'est paré de jaune hier. La couleur de l'opposition au projet de ligne LGV qui, même en plein hiver, fleurit dans la campagne. Les quelque 300 opposants réunis dans le froid entendaient aussi faire valoir leurs arguments contre un autre projet qui, en contrebas, verra dans les décennies à venir 212 hectares de terres agricoles se couvrir de béton pour les besoins de la Technopole Agen-Garonne.
Sur les banderoles, les manifestants du jour ciblent directement « Duffour, Dionis et Tandonnet », politiques qui selon eux « tuent nos campagnes ». La Confédération paysanne est claire : « La terre aux moissons, pas au béton. » La FDSEA 47, venue à grand renfort de tracteurs, indique par la voix de son président Jean-Luc Poli ne pas être opposé au développement de l'économie mais rappelle qu'il « y a déjà une activité économique ici, l'agriculture. »
Nicolas Piacentini, installé depuis 10 ans, le sait bien. Le jeune homme cultive 30 hectares de céréales. Ses terres ne sont pas dans le périmètre de la ZAC « mais il faudra trouver du foncier pour ceux qui sont touchés, et c'est normal. Mais moi, quelles sont mes perspectives d'agrandissement ? »
Son voisin, Jean-Marie Richou est quant à lui en attente de dédommagement de la Safer puisque 45 hectares de ses terres, dédiées uniquement à des cultures sous contrat, seront amenés à disparaître : « Elle m'a proposé des terres à Cuq, ce qui est n'importe quoi. En plus, elles étaient déjà vendues », raconte l'homme qui ne veut pas que l'on oublie qu'il fait « bosser du monde » lui aussi.
À la baguette et au micro, Joseph Bonotto se satisfait quant à lui de la mobilisation du jour : « Il y a ici 50 partis politiques de gauche et associations physiquement représentées. Et chacun va reporter l'action chez lui et faire boule de neige. » Et tant pis, si au final, les Agenais « lambda » sont peu nombreux aux côtés des maires de Caubeyres, Montesquieu et Barbaste, des conseillers généraux PS Michel Esteban et Cathy Pitous, des élus EE-LV Bernard Péré et Maryse Combres sans oublier plusieurs élus de l'opposition agenaise, dont Alain Veyret. Il y avait aussi Victor Pachon, porte-parole de la coordination anti-LGV au Pays Basques ou ces retraités landais « futurs expropriés » venus « par solidarité ». Et qui seront présents le 23 mars à Nérac pour la grande manifestation anti-LGV qui se prépare.
Sud Ouest
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