C'est pour le moment une déclaration d'intention que le président, Pierre Camani, a faite hier, à la surprise générale, en son nom et au nom de la majorité : « Il est inenvisageable que le Lot-et-Garonne participe au financement de la LGV Bordeaux-Espagne et de la LGV Bordeaux-Toulouse. » Une annonce qui venait illustrer l'époque de rigueur à laquelle se retrouve contraint le Département, au moment où ce même département dévoile les grandes lignes de son futur budget 2012.
C'est en effet au terme d'une présentation détaillée des éléments extérieurs qui viennent perturber « la gestion rigoureuse à laquelle notre majorité s'est appliquée » (lire ci-contre) que le président Camani, contraint à présenter un budget avec des dépenses d'investissement amputées d'un quart, s'est positionné sur le dossier LGV ou plutôt sur son financement. « Un financement inenvisageable au regard du contexte financier et économique dans lequel nous devons évoluer. Il faut trouver d'autres solutions pour payer la LGV, c'est d'ailleurs ce que j'ai dit au ministre des Transports mais également au préfet de Région et au président du Conseil régional d'Aquitaine. »
Et de faire néanmoins un distinguo entre la LGV Bordeaux-Tours et les deux autres portions. « Sur Bordeaux-Tours, nous avons déjà voté une participation et nous nous y tiendrons. Je suis d'ailleurs fier que le Lot-et-Garonne ait montré un engagement fort sur un projet qui va faire gagner une heure aux Lot-et-Garonnais pour rallier Paris. »
Le fond et la forme
Évidemment, l'annonce de Pierre Camani sur la LGV Bordeaux-Toulouse a ravi les opposants au bolide ferroviaire. « C'est non seulement une sage mais une courageuse décision qu'a prise le président du Conseil général de Lot-et-Garonne. Nous sommes ravis. Ce n'est qu'une étape dans le long cheminement de ce projet mais nous avons besoin d'élus comme ça », lâchait, hier, Charles d'Huyvetter, porte-parole de la Coordination 47, non sans un certain enthousiasme, tandis que Bernard Faucon-Lambert se réjouissait dans un communiqué que l'association qu'il préside, ALTernative LGV, ait fini par convaincre Pierre Camani, pour une réhabilitation des voies existantes. Or fausse joie, car le chef de l'exécutif départemental l'a rappelé hier, haut et fort : sa position sur le financement de la LGV ne remet en aucun cas en cause sa position sur le bien-fondé de ce projet. « Je suis pour la LGV, importante en terme de développement économique et d'aménagement du territoire. Je dis seulement que les collectivités territoriales ne peuvent la financer. »
L'Agglo d'Agen prête à payer
Si le président du Conseil général de Lot-et-Garonne espère ouvertement entraîner des réactions en chaîne dans son sillage, la Communauté d'agglomération de l'Agenais (CAA) ne sera pas dans le cortège. Joint hier au téléphone, Jean Dionis du Séjour, président de la CAA, voyait en l'annonce de Pierre Camani, une déclaration politique « à quelques semaines d'échéances électorales importantes ». « Pour notre part, nous sommes engagés comme le Département d'ailleurs. Nous avons pris une délibération et nous la respecterons. Il faut avoir de la constance dans ses décisions et penser aux intérêts du Lot-et-Garonne. Nous allons néanmoins écouter le 23 février l'étude alternative. Après, le Conseil général est dans une situation financière plus compliquée que l'agglomération qui n'a pas les mêmes compétences, sociales notamment. On nous demande pour le moment d'adhérer à un plan de financement. Néanmoins je pense qu'à terme ce plan ne pourra pas tenir et sera révisé. Mais au moins, on aura dit oui à la LGV. »
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