Vous vous heurtez aux parents d'élèves, qui contestent vos propositions de réorganisation. Vous comprenez ces réactions ?
« Je comprends, mais il faut rappeler que les situations ne sont pas les mêmes. D'un côté, il y a les élus qui travaillent sur le long terme, et de l'autre les parents d'élèves qui pensent charnellement et d'abord à leurs enfants. Une fois cela dit, les faits objectifs peuvent nous réunir. Sinon, le dialogue n'existe plus et chacun prend ses responsabilités (…) Je suis maire, et pas parent d'élèves. J'ai trouvé une situation qui demande une action urgente. »
Le conseil municipal où seront décidées ces mesures est repoussé au 25 mai. Pourquoi ?
« J'estime que l'on a fait un travail exemplaire. Cette réforme était un engagement électoral. Le temps de l'action est arrivé pour les écoles agenaises. On a décalé le conseil municipal pour se donner du temps pour la concertation, et elle est d'ampleur. Nous allons écrire à tous les présidents de conseils de quartier qui ont à nous répondre avant le 15 mai. Nous adressons aussi un courrier aux « sites » scolaires concernés, au nombre de 15. On n'a pas eu de pot dans cette histoire, avec les vacances de Pâques, les ponts du 1er et du 8 mai et mon agenda de parlementaire (…) J'ai demandé à ce que le conseil d'école de Gaillard soit repoussé au 7 mai parce que je suis lundi (aujourd'hui, NDLR) à Paris, à la commission des lois sur Création et Internet. Je suis binaire au parlement. Si je prends en main une loi, je la suis de A à Z.
Avez-vous l'impression d'avoir fait des erreurs, dans la communication par exemple ?
« On a été mauvais, on va essayer d'être meilleurs. Au lieu d'annoncer que la concertation allait débuter jusqu'à la date initiale du conseil municipal, j'ai donné l'impression que tout était arrêté. La conférence de presse (du 6 avril, NDLR) a été ratée à ce titre. »
Vous êtes prêts à revoir votre copie ?
« SI la question est : le plan peut-il être modifié, je dis oui. En revanche, je ne concéderai pas d'arrangements de compromis. L'exemple de l'école Gaillard est significatif : le cabinet d'études proposait un statu quo, une fermeture complète ou l'installation plus confortable du primaire en déplaçant la maternelle. Si on nous explique qu'on s'est planté avec cette troisième option, on verra. Mais Gaillard a deux problèmes majeurs : le quartier à un réel problème de démographie scolaire et les équipements sont hors normes. On nous dit qu'en fermant la maternelle, on condamne l'école à terme. Nous avons des contre-exemples, à Bara. »
Vous considérez que vous prenez un risque politique ?
« Oui, bien sûr. Ces mesures concernent en partie des quartiers, Carnot et Gaillard dans une moindre mesure, où l'on vote pour nous. Mais il est temps d'agir. Il n'y a pas eu de réhabilitation lourde dans les écoles d'Agen depuis les travaux à Gaillard en 1992. 17 ans ! On a beaucoup parlé de fermetures, c'est normal, c'est médiatique. Mais notre projet, c'est aussi le mieux d'école. L'école Lacour est un four à partir du printemps. On doit la reconstruire, peut-être avant 2013. »
Et l'école Langevin, dans le quartier Montanou ?
« Pareil pour Langevin, dont les travaux sont prévus pour 2015 et que l'on fera peut-être avant. Il nous est apparu que Langevin était moins fatiguée que Lacour. Dans ce projet, il faut ne pas oublier que l'on réfléchit à 15 ou 20 ans. »
À ce titre, des parents d'élèves et plus globalement vos opposants ne voient pas d'économies d'échelles évidentes…
« Il n'est pas uniquement question des enjeux de coût. Le cabinet d'études a constaté un émiettement de la carte scolaire agenaise, 25 écoles sur 15 sites pour 2400 élèves. Cet émiettement joue contre la qualité pédagogique. Les experts disent qu'avoir 25 écoles à moins de cent élèves est inimaginable. À Salvan, à Dufour, une maternelle à deux classes ne correspond pas au cursus pédagogique souhaitable. La fermeture des écoles nous permet entre autres de faire des économies. C'est mieux financer le mieux d'écoles. »
«Non, on ne ment pas»
Le titre de notre article paru dans l'édition du 21 avril «Ecole Annexe: La mairie nous a menti» lui est resté en travers de la gorge. Jean Dionis le conteste avec force et veut convaincre les parents d'élèves que tout n'est pas écrit par avance (lire par ailleurs). Le député-maire d'Agen communique avec beaucoup de précautions, choisi ses mots car il sait pertinemment que le sujet est sensible. «Je ne suis pas parent d'élève, je suis le maire et en tant que tel, les décisions que je dois prendre auront une lisibilité sur les 20 ans à venir».
Le risque, politique, est réel. Il y a dans les contestataires des gens de son bord. Tout ce qui touche à l'enseignement, à l'éducation, à l'enfance, enflamme les consciences, les passions, lesquelles peuvent quelquefois altérer le jugement.
«JDD» persiste et signe. «Le dossier a été bien étudié, en profondeur, avec les personnes compétentes, même l'opposition a travaillé là-dessus. En revanche, je ne suis pas borné et l'on peut me convaincre de changer d'avis, si l'on m'apporte de bons arguments, je peux me laisser convaincre».
Le plan est complexe, coûteux (1,5 million d'€ par an pendant 6 ans). «Il est grand temps d'agir» souligne-t-il. Le maire s'expliquera dans une vidéo sur son blog (http://www.agen.fr/) à partir d'aujourd'hui.
Sur l'opposition. - Quand Jean Dionis évoque le travail du comité de pilotage, il évoque «l'assiduité» d'un conseiller d'opposition,André Mazière «qui a bien travaillé». Avec le député-maire, ce genre de caresses verbales est souvent suivie ou précédée d'une petite claque. Cela n'a pas manqué. «Je dis souvent que l'opposition ne travaille pas assez mais là...». Alain Veyret et les autres apprécieront. On va sans doute en reparler le 25 mai, lors du prochain conseil municipal.
Petites phrases
Sur Paul Chollet. - Dionis poursuit dans ses critiques à l'encontre de son prédécesseur. Mais il associe dans ses commentaires Paul Chollet pour expliquer que rien ou pas grand-chose n'a été fait dans les deux derniers mandats pour les écoles. «Sous Chollet et Veyret, on a repris les chiffres, c'était 250000 euros. Nous, c'est un million et demi par an pendant ce mandat. On multiplie par six les dépenses dans ce domaine…»
Sur les conseils d'école. - Les parents d'élèves de Gaillard ont vertement critiqué le fait que le conseil d'école de ce soir soit repoussé au 7 mai pour cause d'indisponibilité du maire. «Je tiens particulièrement à en être, de cette réunion. Je ne serai pas présent aux quinze conseils d'école, mais au moins à six. Ce n'est pas un coup foireux du maire qui cherche à fuir.»
Sur sa conférence de presse du 6. - Dionis a présenté les grandes lignes du schéma directeur des écoles le 6 avril. La levée de boucliers a été immédiate. «Je crois qu'on a été mauvais sur ce coup-là. On va essayer d'être meilleurs.»
Sur l'avenir des écoles fermées. - Salvan? «On vend!». Charles Dufour: «On réfléchit sur l'îlot municipal autour de l'hôtel de ville.» L'école Annexe: «Il faut demander à M. Pierre Camani (président du Conseil général). Les bâtiments ne nous appartiennent pas.»
Publié le 27/04/2009 08:45 | Propos recueillis par Stéphane Bersauter et Dino Milani
Légende Photo : Jean Dionis, lors de la rentrée 2008, en visite à Paul-Bert. Photo archives Jean-Michel Mazet
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