Un Agenais ferraille contre une possible réduction des remboursements pour les affections de longue durée (ALD).
Il a beau avoir le tempérament batailleur et militant (1), Jean-Marie, un Agenais de 26 ans, se serait volontiers passé de ce combat-là : « J'ai assez à faire avec ma maladie… ». La maladie en question, c'est une spondylarthrite ankylosante, une affection grave entraînant des déformations osseuses, très douloureuses et invalidantes. Le diagnostic date de quelques semaines seulement, mais cela faisait de longs mois qu'il en bavait : « J'avais tout le temps mal au dos, je ne dormais plus que deux ou trois heures par nuit, j'étais tout le temps épuisé… ». Il faut savoir que pour cette maladie, le délai de diagnostic peut aller jusqu'à 8 ans.
Et c'est en se documentant sur ce mal qu'il peut enfin nommer que Jean-Marie, mordu d'Internet, a commencé à s'intéresser au cas des patients atteints d'affections de longue durée (ALD) : une « famille » d'une trentaine de maladies (cancer, diabète…), dont la sienne, donnant droit à une prise en charge à 100 % par la Sécurité sociale. Normal, songe-t-on, quand on sait que le coût du traitement pour ces maladies peut se chiffrer à plusieurs dizaines de milliers d'euros par an - « pour la spondylarthrite, où les déformations n'apparaissent que tardivement, c'est entre 10 000 € et 15 000 € euros par an ».
rapport parlementaire qui fâche
Mais son sang n'a fait qu'un tour lorsqu'il est tombé, au fil de son « enquête » sur Internet, sur un rapport parlementaire (2) préconisant la suppression pure et simple du « régime ALD » au profit d'un « bouclier sanitaire ». En gros, l'instauration d'une « franchise », qui verrait les malades payer eux-mêmes leurs soins jusqu'à un certain plafond au-delà duquel ils seraient remboursés à 100%.
Ceci au motif limpide que ce régime coûterait trop cher à la Sécu : en 2004, les personnes en ALD représentaient ainsi 14 % des assurés mais contribuaient à hauteur de 60 % aux dépenses d'assurance maladie remboursées, et pourraient représenter 70 % de ces dernières en 2015.
Révolté par cette remise en cause du principe d'universalisme de notre bonne vieille Sécu, et craignant surtout que le fameux rapport n'inspire sous peu un projet de loi au ministre de la Santé, Jean-Marie a aussitôt réagi avec « l'arme » qu'il maîtrise le mieux : Internet.
pétition sur le net
Et il a lancé illico une pétition (« Appel à une vigilance citoyenne pour la sauvegarde du régime de prise en charge des ALD »), qu'on peut signer sur le blog dédié qu'il a créé : http://affections-longue-duree.over-blog.org/ Une réponse avec cet argument massue : ce n'est pas sur le dos des malades en ALD, dont la vie sociale, professionnelle et familiale se trouve déjà suffisamment perturbée, qu'il faut faire des économies. Même en période de crise…
(1) Jean-Marie Houdusse est l'auteur du blog « Réveiller Agen » pas franchement favorable au maire Jean Dionis, et l'un des « rédacteurs » du site de l'opposition municipale agen-demain. fr
(2) Le rapport émane de la Mission d'évaluation et de contrôle des lois de financement de la Sécurité sociale (Mecss).
Publié le 03/02/2009 16:33 | Michel Amigues - Petit Bleu / Dépêche du Midi
Légende photo : Jean-Marie, l'auteur de la pétition. Photo J.-M. Mazet
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