La délégation de service public pour la restauration sociale va faire l'objet d'un nouvel appel d'offre.
Restauration sociale
La ville d'Agen commence à trouver bien indigeste le contrat qui la lie (depuis juin 2005) à la société Scolarest, et l'adjointe à l'éducation de Jean Dionis, Maïté François, a mis les pieds dans le plat en conseil municipal, lundi soir. « Malgré le cahier des charges qualité aux exigences bien supérieures à celles du contrat précédent sur la composition des plats, force est de constater que l'exigence de bénéficier « d'une cuisine goûteuse de type familial et de terroir » pour la restauration sociale (foyer-logement La Salève, portage à domicile, restaurant social) n'est pas respectée. Non seulement la cuisine n'est pas appréciée, mais les quantités proposées sont insuffisantes, bien que le coût denrée ne représente que 49 % du coût du repas ». C'est écrit (très) noir sur blanc dans le rapport soumis aux conseillers, qui propose une rupture anticipée du contrat au 31 août 2009 (il court théoriquement jusqu'en 2013). L'équipe Dionis s'émeut aussi du problème des impayés, de plus en plus aigu : il a presque doublé entre 2005-2006 et 2007-2008, passant de 14 000€ à 25 000€. Or, le contrat stipule que la participation forfaitaire de Scolarest pour boucher le trou est plafonnée à 5 000€. Une clause qui sera donc très certainement revue à la hausse dans le contrat du prochain délégataire.
Et scolaire
Donc, côté restauration sociale, la copie est à revoir, mais l'équipe Dionis trouve aussi beaucoup à (re) dire côté restauration scolaire (207 000 repas cette année), où c'est encore Scolarest qui officie : «
[…] La prestation est inégale et oblige à une vigilance constante, notamment dans sa partie administrative et comptable ». Et vlan. Mais comme il n'est pas à l'ordre du jour d'équiper la cuisine centrale de caméras de vidéosurveillance, question vigilance, le plus sûr reste de taper de la fourchette sur la table. Surtout quand on trouve en plus que l'addition est trop salée : alors que pour l'année scolaire 2004-2005 (du temps d'Avenance, l'ancien délégataire), le montant de la participation de la ville s'élevait à environ 560 000 €, il a bondi à près de 800 000 € en 2006-2007. Dans le même temps, la participation des familles passait de 48 % (494 000 €) à 37 % (477 000€) : le coût des repas ayant grimpé d'environ 20 % avec la mise en œuvre du nouveau cahier des charges qualité, sans être répercuté sur les usagers, ceci explique cela.
Tarifs en hausse
Résultat, à compter de la prochaine rentrée, les tarifs grimperont de 5 % à 10 % en fonction des ressources des parents. Soit des tarifs allant de 1,26 € à 4,30 € par repas pour les enfants agenais, et de 1,88 € à 5,10 € pour les enfants non agenais (les tarifs grimpent aussi pour les adultes).
Si ces ajustements n'ont guère fait débat, en revanche, la suppression du régime de gratuité pour les familles les plus démunies au profit d'un fonds social pour la restauration scolaire a fait grincer quelques dents dans l'opposition (lire ci-dessous). L'occasion d'une petite explication virile quant à la notion de solidarité. M.A.
Tarifs scolaires : le régime de gratuité disparaît
Pour l'année 2007, la tranche de quotient permettant d'accéder gratuitement à la restauration scolaire n'a concerné que neuf familles, dont cinq non agenaises, soit environ 750 repas : une charge pour la ville de moins d'un millier d'euros. C'est donc ce régime de gratuité qui disparaît au profit d'un fonds social pour la restauration scolaire, auquel la majorité municipale espère bien que le conseil général versera son obole (« vu qu'il le fait déjà pour les lycées, en plus des collèges qui sont de sa compétence »). Mais pour l'opposition, qu'importe le nombre de bénéficiaires, c'est d'abord une question de principe : on va substituer à la gratuité automatique un système impliquant que la famille émette une demande. « On est sur un besoin primaire des enfants, l'alimentation, alors je trouve dommage qu'on passe d'un droit à la gratuité à un principe d'exception, qui oblige les familles à faire les démarches », dit calmement mais fermement la conseillère d'opposition Hayat El Moussaoui, qui émet au passage des doutes sur la façon dont ce fonds sera alimenté. à quoi Jean Dionis répond que « ce droit à la gratuité est microscopique. Là, on fait du personnalisé, du responsabilisant. on construit un vrai régime social pour financer un plus grand nombre de familles ». Et quand l'opposition insiste, estimant qu'on passe d'un régime de solidarité à un système de charité, il explose : « Arrêtez de fonder votre système social sur des clichés qui datent de 30 ou 40 ans ».
Publié le 11 Juillet 2008 à 09h37 - Le Petit Bleu, Dépêche du Midi
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